Femme debout avec un enfant
Titre
Fr
Femme debout avec un enfant
Description
Fr
Corps de femme debout, semblant esquisser un pas du fait de sa jambe gauche fléchie, visible sous la draperie de sa longue tunique qui, très collante sur le torse et drapée sur chaque coude, tombe en épais plis sur la moitié inférieure du corps. Dans une corbeille qu'elle tient de ses deux bras, joints au niveau du torse, un enfant nu repose vers le spectateur, son dos collé contre le ventre de la femme. Le nourrisson lève son bras droit fléchi comme pour atteindre le pendentif qui repose entre les seins du personnage féminin, suspendu à deux rubans qui se croisent là et se perdent au niveau des épaules et sous la bras. Tout ou partie de l'épaisse encolure se terminant en partie haute par une ouverte circulaire est probablement un rajout moderne, destiné à recevoir la tête, non pertinente, qui a été rajoutée à la statuette à une date inconnue. Cette tête, d'une argile plus brune que la statuette, est celle d'une femme qui porte un diadème de boucles stylisées en forme de S autour d'un visage au nez fin et au philtrum très marqué.
Cette tête et ce corps, qui n’appartiennent pas ensemble, ont été acquises comme un seul et même objet par le Musée des Antiquités Nationales en 1867, et « dé-restaurées » ultérieurement : en effet, elles portent le même numéro d’inventaire, et Muret les a dessinées assemblées dans le troisième tome des son recueil (t. 3, pl. 179). Il s’agit pourtant bien d’une tête fragmentaire et d’un corps acéphale, comme en témoignent la couleur plus foncée de la tête, et la disproportion de la première par rapport au second. Une ligne de fracture au niveau de la clavicule laisse deviner comment le col a été épaissi pour recevoir la tête, dont le cou a été rallongé avec une argile plus claire.
La tête est semblable à celle de nombreuses déesses-mères, représentations de déesses nourricières, assises dans un fauteuil, qui tient dans ses bras un ou deux enfants en train d’être allaités et symbolisent la fécondité, la maternité, la fertilité et l’abondance ; il s’agit dans les types les plus représentés de la coroplathie gauloise. Le corps, lui est plutôt inhabituel, en ce le personnage d’est pas assis sur un fauteuil et semble se tenir debout, une jambe légèrement fléchie. Si M. Rouvier-Jeanlin le classe parmi les déesses-mères, il n’appartient en réalité à aucun des quatre types qu’elle identifie, et ne trouve de parallèles précis dans aucune des terres cuites du Musée d’Archéologie Nationale, ni dans les statuettes dessinées par Tudot.
Jean-Baptiste Muret a donc possédé cet objet dans un état faux ou en tous cas mal restauré : la frontière ténue entre restauration et falsification a été bien documentée pour les statuettes hellénistiques de Tanagra, dont la nécropole a été découverte en 1870, quatre ans après la mort de Muret. Au sein de filières de vente de ces antiquités en France, les marchands n’hésitaient pas à assembler des fragments pour créer des figurines complètes, qui se vendaient plus cher. Ce ne sont pas pour autant les marchands de Tanagras qui ont inventé ces procédés : Salomon Reinach se plaignait déjà des restaurateurs des ateliers du marquis de Campana, qui opéraient « quelque fois […] à la manière des faussaires ».
Il n’est pas clair si les terres cuites gauloises ont fait l’objet d’une aussi intense ferveur que les Tanagra du vivant de Jean-Baptiste Muret ; le dessinateur semble même s’y être intéressé précocement. Le site du Lary, à Toulon-sur-Allier, a été découverte et fouillée par la Société d’émulation du Bourbonnais en 1856, et lorsque E. Tudot publie les résultats de ces fouilles en 1860, il cite Muret (qu’il promeut par erreur « conservateur » du Cabinet des Médailles), comme propriétaire de certaines statuettes. La provenance de cette étrange statuette n’est pas connue, mais Muret possède alors déjà plusieurs statuettes trouvées à Toulon-sur-Allier. A-t-il été berné dans ce cas par un revendeur peu scrupuleux, ou alors a-t-il tenté par lui-même une hasardeuse restauration ? Cela constituerait une facette jusque là inconnue de l’activité antiquaire du bibliothécaire.
Références : L. Androuin, (dir.), Témoins d’argile. Les figurines en terre cuite du centre de la Gaule. Musée Anne-de-Beaujeu, Moulins, 17 octobre 2020-19 septembre 2021, Dijon, 2020 ; A. Livenais, « Un petit peuple de pacotille : les faux groupes dits “d”Asie Mineure" dans les collections du musée du Louvre et du Metropolitan Museum of Art de New York », Les Carnets de l’ACoSt, 2022, 22 ; N. Mathieux, « Les fausses terres cuites ou l’attrait de l’œuvre moderne », Dossiers d’archéologie, 2006, 312, p. 16-23 ; E. Tudot, Collection de figurines en argile, œuvres premières de l’art gaulois, avec les noms des céramistes qui les ont exécutées, Paris, 1860.
Auteur : Euan Wall
Cette tête et ce corps, qui n’appartiennent pas ensemble, ont été acquises comme un seul et même objet par le Musée des Antiquités Nationales en 1867, et « dé-restaurées » ultérieurement : en effet, elles portent le même numéro d’inventaire, et Muret les a dessinées assemblées dans le troisième tome des son recueil (t. 3, pl. 179). Il s’agit pourtant bien d’une tête fragmentaire et d’un corps acéphale, comme en témoignent la couleur plus foncée de la tête, et la disproportion de la première par rapport au second. Une ligne de fracture au niveau de la clavicule laisse deviner comment le col a été épaissi pour recevoir la tête, dont le cou a été rallongé avec une argile plus claire.
La tête est semblable à celle de nombreuses déesses-mères, représentations de déesses nourricières, assises dans un fauteuil, qui tient dans ses bras un ou deux enfants en train d’être allaités et symbolisent la fécondité, la maternité, la fertilité et l’abondance ; il s’agit dans les types les plus représentés de la coroplathie gauloise. Le corps, lui est plutôt inhabituel, en ce le personnage d’est pas assis sur un fauteuil et semble se tenir debout, une jambe légèrement fléchie. Si M. Rouvier-Jeanlin le classe parmi les déesses-mères, il n’appartient en réalité à aucun des quatre types qu’elle identifie, et ne trouve de parallèles précis dans aucune des terres cuites du Musée d’Archéologie Nationale, ni dans les statuettes dessinées par Tudot.
Jean-Baptiste Muret a donc possédé cet objet dans un état faux ou en tous cas mal restauré : la frontière ténue entre restauration et falsification a été bien documentée pour les statuettes hellénistiques de Tanagra, dont la nécropole a été découverte en 1870, quatre ans après la mort de Muret. Au sein de filières de vente de ces antiquités en France, les marchands n’hésitaient pas à assembler des fragments pour créer des figurines complètes, qui se vendaient plus cher. Ce ne sont pas pour autant les marchands de Tanagras qui ont inventé ces procédés : Salomon Reinach se plaignait déjà des restaurateurs des ateliers du marquis de Campana, qui opéraient « quelque fois […] à la manière des faussaires ».
Il n’est pas clair si les terres cuites gauloises ont fait l’objet d’une aussi intense ferveur que les Tanagra du vivant de Jean-Baptiste Muret ; le dessinateur semble même s’y être intéressé précocement. Le site du Lary, à Toulon-sur-Allier, a été découverte et fouillée par la Société d’émulation du Bourbonnais en 1856, et lorsque E. Tudot publie les résultats de ces fouilles en 1860, il cite Muret (qu’il promeut par erreur « conservateur » du Cabinet des Médailles), comme propriétaire de certaines statuettes. La provenance de cette étrange statuette n’est pas connue, mais Muret possède alors déjà plusieurs statuettes trouvées à Toulon-sur-Allier. A-t-il été berné dans ce cas par un revendeur peu scrupuleux, ou alors a-t-il tenté par lui-même une hasardeuse restauration ? Cela constituerait une facette jusque là inconnue de l’activité antiquaire du bibliothécaire.
Références : L. Androuin, (dir.), Témoins d’argile. Les figurines en terre cuite du centre de la Gaule. Musée Anne-de-Beaujeu, Moulins, 17 octobre 2020-19 septembre 2021, Dijon, 2020 ; A. Livenais, « Un petit peuple de pacotille : les faux groupes dits “d”Asie Mineure" dans les collections du musée du Louvre et du Metropolitan Museum of Art de New York », Les Carnets de l’ACoSt, 2022, 22 ; N. Mathieux, « Les fausses terres cuites ou l’attrait de l’œuvre moderne », Dossiers d’archéologie, 2006, 312, p. 16-23 ; E. Tudot, Collection de figurines en argile, œuvres premières de l’art gaulois, avec les noms des céramistes qui les ont exécutées, Paris, 1860.
Auteur : Euan Wall
Matériau
Fr
terre cuite
Largeur
Fr
6,8
Hauteur
Fr
14,3
Unité de mesure
Fr
centimètre
Type
Fr
figurine
Période
Période / Style
Lieu de création
Fr
Gaule
Lieu de conservation
Commentaire historique
Fr
Collection Jean-Baptiste Muret. Acquis de Charvet le 20 février 1867.
Historique des propriétaires
Recueil n°
Fr
3
Est une partie de
Identifiant
Fr
267666
Fr
RES-MS-70100-MUR-GF-3_P179_OBJET_1
Fr
MAN 7276
Références bibliographiques
Fr
M. Rouvier-Jeanlin, Les figurines gallo-romaines en terre cuite au Musées des antiquités nationales, Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1972, n°419 p. 183, n°401 p. 180.
Source des images
Fr
source : gallica.bnf.fr / BnF - licence : Domaine public
Fr
photo Euan Wall
Liens externes
IIIF Manifest
A fait partie de
Fr
Collection Muret