Élément d'applique représentant un protomé de sanglier au grouin percé

Titre

Fr Élément d'applique représentant un protomé de sanglier au grouin percé

Description et commentaire

Fr Ce petit protomé reprend de manière extrêmement stylisée la face avant d’un sanglier. Sa tête de forme conique simplifie l’aspect anatomiquement trapézoïdale de l’hure de l’animal, peut-être par contrainte technique. Son groin protubérant est incisé de deux dépressions circulaires représentant les narines et d’une entaille profonde horizontale qui figure la gueule, d’une manière erronée d’un point de vue anatomique mais humanisant presque son expression. Les défenses massives respectent l’emplacement de sa gueule. Les oreilles triangulaires sont directement rattachées au crâne et sont disproportionnées par rapport au reste de la composition. Ses pattes avant, chétives et rigides, sont pour leur longueur relativement cohérentes par rapport à la réalité anatomique, bien qu'anormalement fine. C’est l’échine, en forme de faucille, qui éclate les normes anatomiques. Cette plaque dorsale démesurée donne ainsi de l’équilibre à la composition, en contrebalançant sur l’axe horizontal sa gueule allongée. Des stries régulières, représentant les soies de l’animal, décorent l’échine et la partie supérieure de la tête. Les articulations des pattes sont également signifiées par des doubles incisions horizontales.
Pour ce qui est du système de fixation, deux possibilités sont envisageables. Un orifice circulaire transperce de part en part la tête du sanglier, juste avant le groin, ce qui en ferait un pendant. L’espace rectangulaire entre les pattes peut également être compris comme une encoche qui servirait à monter le protomé sur un support. La fonction décorative est quant à elle indéniable.
Fr Bien que l’iconographie du sanglier soit largement attestée dans les sphères culturelles celtes et gauloises, il est difficile de trouver des parallèles convainquants à ce protomé en bronze à fonction décorative. La caractéristique iconographique y est la démesure de l’échine du sanglier, qu’on retrouve pour les petites figurines en bronze, les enseignes militaires ou encore sur les monnaies. Le sanglier-enseigne de Soulac, confectionné à partir de fines tôles en or, était ainsi coiffé d’une importante échine ouvragée. Cet attribut anatomique est à mettre en lien avec le caractère guerrier que l’on attribue à cet animal : l’échine hérissée fait penser à un sanglier prêt à attaquer et rappelle ainsi sa férocité. Nous ne sommes donc pas étonnés qu’il soit tant mis en valeur dans le contexte militaire. Saussaye en 1840 parlait d’ailleurs du sanglier comme “le véritable symbole de la nation gauloise”, et Jean-Baptiste Muret, s'il n'a pas dessiné cet objet, a consacré plusieurs planches à ce motif (VI, pl. 141-142, VII, pl. 42). Toutefois, il faut prendre garde à la difficulté de dater et d’attribuer avec certitude ce type de production. Le motif du sanglier reste largement répandu (dans toutes les civilisations indo-européennes) et ce protomé pourrait aussi être une production plus récente.
Bibliographie : J. Moreau et al., Le sanglier-enseigne gaulois de Soulac-sur-Mer, Soulac-sur-Mer, 1995. L. Saussaye, “Le véritable symbole de la nation gauloise, démontré par les médailles”, Revue numismatique, 1840, p. 245-260.

Auteur : Maylla Bisson

Matériau

Fr

Largeur

Fr 5,4

Hauteur

Fr 4,6

Profondeur

Fr 1,55

Unité de mesure

Fr centimètre

Type

Période

Période / Style

Lieu de création

Fr

Commentaire historique

Fr Don Ernest Muret, par l'intermédiaire d'Anatole de Barthélémy, 28 février 1877

Source des images

Fr ©MAN/Valorie Gô

Identifiant

Fr MAN 23767b

Notes internes

Fr Collection Muret