Singe accroupi

Titre

Fr Singe accroupi

Description

Fr Singe accroupi sur une base grossièrement quandrangulaire, les mains posées sur les genoux. L'animal est vêtu d'un cucullus à la capuche pointue remontée sur la tête, qui lui recouvre les épaules et tombe jusqu'au niveau des avant-bras et au milieu du dos. Son faciès glabre à la mâchoire proéminente est entouré d'une touffe presque circulaire de poils, qui disparaît sous la capuche. Des traits incisés figurent les poils sur le dos et les membres inférieurs, entre lesquels se dresse discrètement un sexe ithyphallique. L'arrière porte, en bas du manteau, la marque d'artisan L VRBICUS.
Fr Ce petit singe accroupi portant un cucullus, ce court manteau à capuche typiquement gaulois parfois appelé dans les textes antiques « capuche de Saintonge », appartient à une série bien attestée, et très variée en son sein, de la coroplathie gallo-romaine : les statuettes de singe. Les singes représentés adoptent diverses positions, tantôt joueuses, tantôt moqueuses. M. Rouvier-Jeanlin les divise en deux types : les singes du type 1 sont nus, ceux du type 2 vêtus. La statuette de Jean-Baptiste Muret appartient donc au type 2.
La présence d’aussi nombreux singes dans une production issue surtout du centre de la France actuelle peut surprendre, mais en réalité de nombreux animaux exotiques ont été importés en Gaule à l’époque romaine : l’archéozoologie atteste de la présence de chameaux, de paons, de chats, de daims et aussi de singes. De ces derniers, on en connaît trois : un à Narbonne, un à Cutry, et le dernier, découvert plus récemment, à Poitiers. Les deux premiers sont des singes magot, une espèce de cercopithèque aussi dite macaque berbère ou macaque de Barbarie, caractérisée par son absence de queue ; l’espèce du singe de Poitiers n’a pas pu être identifiée avec précision, mais c’est aussi un cercopithèque. Le singe magot est aussi l’espèce de singe le plus répandu en Italie dès l’époque archaïque, représenté dans la peinture sur céramique, la toreutique et les parois des tombes étrusques. Le singe de notre statuette n’ayant pas non plus de queue visible, et étant proche dans ses traits physiques de cette espèce, on peut penser qu’il s’agit là aussi d’un singe magot.
On sait par l’archéologie et par les textes que les singes étaient considérés comme des animaux domestiques, c’est-à-dire qu’ils avaient le droit d’entrer et de se promener librement dans la maison. Le fait qu’ils aient reçu des sépultures suggère toute la dimension psychologique et affective que les hommes devaient avoir avec ces primates. Leurs maîtres gaulois n’hésitaient pas même à vêtir leurs animaux justement avec un cucullus, comme en témoigne Martial lorsqu’il écrit dans ses Épigrammes « La Gaule t'envoie pour vêtement une casaque de Saintonge ; ornée d'un capuchon : naguère on en affublait les singes. » Peut-être donc que le déguisement de ce macaque n’est pas qu’une invention de l’artiste, mais correspond à une certaine réalité en Gaule romaine, chez les personnes assez aisées pour s’offrir un animal domestique aussi exotique.
Pour autant, les textes rapportent une attitude ambivalente à l’égard des singes tout au long de l’Antiquité, les Anciens ressentant à leur égard un mélange de curiosité, de dégoût, d’appréhension et de moquerie. Dans les fables d’Ésope, les singes sont si laids que les dieux se moquent d’eux, ridicules pour leur tendance à imiter les humains, stupides comparés à d’autres animaux comme les renards, et incapables d’exhiber un instinct maternel. Le caractère ithyphallique de cet individu peut être compris à la lumière de cette réputation : le singe, malgré son apparence humanoïde et son port de vêtement, ne parvient à cacher son animalité, dont le phallus démesuré en érection est le signe. F. Lissarrague a en outre noté que la délimitation entre singe et satyre était floue dans l’art grec : ces derniers font preuve d’une quasi-humanité qui les place à mi-chemin entre l’homme et l’animal, comme les singes qui sont parfois utilisés dans des scènes similaires.
Bibliographie : E. Audry-Brunet, « Iconographie », dans L. Androuin (dir.), Témoins d’argile. Les figurines en terre cuite du centre de la Gaule. Musée Anne-de-Beaujeu, Moulins, 17 octobre 2020-19 septembre 2021, Dijon, 2020, p. 44-45 ; F. Gerber, A. Baudry-Dautry, « La mode de l’animal exotique dans la haute société gallo-romaine. Sépulture d’un singe dans la nécropole de la rue des Caillons à Poitiers », Archéopages, 2012, 35, 10, p. 42-47 ; C. Greenlaw, The Representation of Monkeys in the Art and Thought of Mediterranean Cultures. A new perspective on ancient primates, Oxford, 2011 ; S. Lepetz, J.-H. Yvinec, « Présence d’espèces animales d’origine méditerranéennes en France du nord aux périodes romaine et médiévale : actions anthropiques et mouvements naturels », dans A. Gardeisen (dir.), Mouvements ou déplacements de populations animales en Méditerranée au cours de l’Holocène, Oxford, 2002, p. 33-42 ; F. Lissarrague, « L’homme, le singe et le satyre », dans B. Cassin (dir.), L’animal dans l’Antiquité, Paris, 1997, p. 455-472.

Auteur : Euan Wall

Matériau

Largeur

Fr 4,2

Hauteur

Fr 10

Profondeur

Fr 4,2

Unité de mesure

Fr centimètre

Type

Auteur

Fr L Urbicus

Période

Période / Style

Lieu de création

Fr

Site de découverte

Fr

Commentaire historique

Fr Collection Jean-Baptiste Muret. Acquis de Charvet le 20 février 1867.

Recueil n°

Fr

Est une partie de

Numéro dans la planche

Fr 1

Identifiant

Fr e06b7317-040b-4269-bfb5-82ca691c299a
Fr RES-MS-70100-MUR-GF-6_P61_OBJET_1
Fr MAN 7288

Références bibliographiques

Fr M. Rouvier-Jeanlin, Les figurines gallo-romaines en terre cuite au Musées des antiquités nationales, Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1972, n° 1076, p.351.

Source des images

Fr source : gallica.bnf.fr / BnF - licence : Domaine public
Fr Photo Euan Wall
Fr © Universitätbibliothek Heidelberg

Liens externes

A fait partie de

Fr Collection Muret