Péliké : Dionysos et Eros
Titre
Fr
Péliké : Dionysos et Eros
Description et commentaire
Fr
Péliké à anses cordées et col bagué d’un rang de perles ; couture latérale lissée. Sur chaque face de la panse, deux pieds de vigne chargés de feuilles et de pampres forment l’arrière-plan sur lequel se détache une figure unique et frontale. Sur l’une, Dionysos imberbe présente le bras gauche replié devant lui (en signe d’offrande ?), et lève le droit recourbé. À sa droite, un cep de vigne sommé d’un plateau (?) supporte une oenochoé renversée. Au revers, Éros et reconnaissable à sa paire d’ailes, arborant une tresse occipitale et portant chlamyde, serre de la main gauche une corne d’abondance et tient de la droite une syrinx.
L’identification du lieu de production de la série relativement courte à laquelle appartient cette péliké a divisé les archéologues. Fallait-il voir dans ces vases façonnés au moule bivalve (sans doute de plâtre) découverts dans des tombes de l’Italie à la Russie méridionale et de l’Allemagne à l’Afrique du Nord l’œuvre des artisans de Tarente ou d’Alexandrie ? La concentration des découvertes en Méditerranée orientale, notamment en Asie mineure, de même que les analogies avec les lampes fabriquées à Cnide, où les découvertes ont été particulièrement abondantes, ont au contraire confirmé l’hypothèse d’une production cnidienne (un atelier apparenté est actif à Pergame tandis que l’Afrique du Nord produira des imitations). Datés du IIe au début du IVe siècle, ces amphore pélikai, oenochoés, lagynoi, vases plastiques et autres « phiales » décorés en relief s’inspirent de la vaisselle métallique. Une amphore cylindrique publiée en 1909 et conservée à Baltimore présente une inscription incisée sous le pied avant cuisson : « oinophoros ». Si ce vase tapissé de pampres mérite bien d’être qualifié de porteur de vin, l’on s’est montré plus réservé à l’idée d’étendre l’appellation à la classe des pélikai. Vases à vin rapportés de Cnide par les pèlerins initiés à un culte de Dionysos ? Vases dédiés au culte funéraire ? Il n’en demeure pas moins que la vigne et la thématique dionysiaque récurrente suggèrent un lien avec le vin, l’une des spécialités de Cnide.
La figure d’Eros trouve un parallèle dans quelques autres exemplaires (Rhode 1962, p. 56-58, Abb. 5-6 : Berlin, Antikensammlung, Inv. 30413 et Moscou, musée Pouchkine). En 1859, une première péliké de cette classe (Reg.A.3919) qui ne devait attirer l’attention des savants qu’un demi-siècle plus tard entre au Cabinet des médailles : est-ce parce qu’il avait dessinée cette première venue (Muret, vol. I, pl. 74), que Muret s’intéressa à celle-ci ? Si toutes deux sont rejointes en 1925 à la faveur du legs Froehner par une troisième (Froehner.1840), seules les pélikai Lenormant et Froehner paraissent avoir retenu l’attention des archéologues (Ghali-Kahil 1960, p. 79 ; sauf erreur, aucune n’apparaît dans les listes de Heimberg 1976 et Mandel 1988), à l’exception d’A. De Ridder. contemporaine. Le décor, fruste et vigoureux, fait la part belle à Dionysos et ses créatures (satyres, ménades), mais aussi au panthéon païen (Hermès, les Dioscures, Esculape, Hygie, Athéna), à la mythologie (Zeus et Ganymède, Léda et le cygne, Héraclès) et au monde terrestre (grotesques, scènes érotiques)."
Bibliographie : Daniela Baldoni, « Vasi a matrice di età romana a Iasos », dans Les céramiques en Anatolie aux époques hellénistique et romaine, Istanbul, 2003, p. 165-177 ; Fernand Courby, Les vases grecs à reliefs, Paris, 1922, p. 535-536 ; Mariana Egri, « Cnidian Relief Vessel from Micasasa”, Sargetia, 31, 2003 (2005), p. 167-179 ; Silvio Ferri, « Intorno al problema degli “oinophoroi” », Bollettino dell’associazione internazionale degli studi mediterranei, 4-5, 1933-1934, p. 16, 28-30 ; Lily Ghali-Kahil, « Un lagynos au musée du Caire », Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, 1960, 51, p. 73-91 ; Ulrich Hausmann, « OINOFOROI », Mitteilungen des Deutschen archäologischen Instituts. Athenische Abteilung, 69-70, p. 125-146 ; John W. Hayes, Late Roman Pottery, Londres, 1972, p. 411-412; Ursula Heimberg, « Oinophoren. Zur kaiserzeitlichen Reliefkeramik », Jahrbuch des deutschen archäologischen Instituts, 1976, 91, p. 251-290 ; Ursula Mandel, Kleinasiatische Reliefkeramik der mittleren Kaiserzeit, Berlin-New York, 1988 ; Ellen Reeder Williams, cat. n°129, p. 199 ; David M. Robinson, “An Oenophorus belonging to the Johns Hopkins University”, American Journal of Archaeology, 13.1, 1909, p. 30-38 ; Elisabeth Rohde, “Beiträge zur OINOPHOREN-Gruppe”, Forschungen und Berichte, 1962, 5, p. 54-61.
Auteur : Louise Détrez
L’identification du lieu de production de la série relativement courte à laquelle appartient cette péliké a divisé les archéologues. Fallait-il voir dans ces vases façonnés au moule bivalve (sans doute de plâtre) découverts dans des tombes de l’Italie à la Russie méridionale et de l’Allemagne à l’Afrique du Nord l’œuvre des artisans de Tarente ou d’Alexandrie ? La concentration des découvertes en Méditerranée orientale, notamment en Asie mineure, de même que les analogies avec les lampes fabriquées à Cnide, où les découvertes ont été particulièrement abondantes, ont au contraire confirmé l’hypothèse d’une production cnidienne (un atelier apparenté est actif à Pergame tandis que l’Afrique du Nord produira des imitations). Datés du IIe au début du IVe siècle, ces amphore pélikai, oenochoés, lagynoi, vases plastiques et autres « phiales » décorés en relief s’inspirent de la vaisselle métallique. Une amphore cylindrique publiée en 1909 et conservée à Baltimore présente une inscription incisée sous le pied avant cuisson : « oinophoros ». Si ce vase tapissé de pampres mérite bien d’être qualifié de porteur de vin, l’on s’est montré plus réservé à l’idée d’étendre l’appellation à la classe des pélikai. Vases à vin rapportés de Cnide par les pèlerins initiés à un culte de Dionysos ? Vases dédiés au culte funéraire ? Il n’en demeure pas moins que la vigne et la thématique dionysiaque récurrente suggèrent un lien avec le vin, l’une des spécialités de Cnide.
La figure d’Eros trouve un parallèle dans quelques autres exemplaires (Rhode 1962, p. 56-58, Abb. 5-6 : Berlin, Antikensammlung, Inv. 30413 et Moscou, musée Pouchkine). En 1859, une première péliké de cette classe (Reg.A.3919) qui ne devait attirer l’attention des savants qu’un demi-siècle plus tard entre au Cabinet des médailles : est-ce parce qu’il avait dessinée cette première venue (Muret, vol. I, pl. 74), que Muret s’intéressa à celle-ci ? Si toutes deux sont rejointes en 1925 à la faveur du legs Froehner par une troisième (Froehner.1840), seules les pélikai Lenormant et Froehner paraissent avoir retenu l’attention des archéologues (Ghali-Kahil 1960, p. 79 ; sauf erreur, aucune n’apparaît dans les listes de Heimberg 1976 et Mandel 1988), à l’exception d’A. De Ridder. contemporaine. Le décor, fruste et vigoureux, fait la part belle à Dionysos et ses créatures (satyres, ménades), mais aussi au panthéon païen (Hermès, les Dioscures, Esculape, Hygie, Athéna), à la mythologie (Zeus et Ganymède, Léda et le cygne, Héraclès) et au monde terrestre (grotesques, scènes érotiques)."
Bibliographie : Daniela Baldoni, « Vasi a matrice di età romana a Iasos », dans Les céramiques en Anatolie aux époques hellénistique et romaine, Istanbul, 2003, p. 165-177 ; Fernand Courby, Les vases grecs à reliefs, Paris, 1922, p. 535-536 ; Mariana Egri, « Cnidian Relief Vessel from Micasasa”, Sargetia, 31, 2003 (2005), p. 167-179 ; Silvio Ferri, « Intorno al problema degli “oinophoroi” », Bollettino dell’associazione internazionale degli studi mediterranei, 4-5, 1933-1934, p. 16, 28-30 ; Lily Ghali-Kahil, « Un lagynos au musée du Caire », Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, 1960, 51, p. 73-91 ; Ulrich Hausmann, « OINOFOROI », Mitteilungen des Deutschen archäologischen Instituts. Athenische Abteilung, 69-70, p. 125-146 ; John W. Hayes, Late Roman Pottery, Londres, 1972, p. 411-412; Ursula Heimberg, « Oinophoren. Zur kaiserzeitlichen Reliefkeramik », Jahrbuch des deutschen archäologischen Instituts, 1976, 91, p. 251-290 ; Ursula Mandel, Kleinasiatische Reliefkeramik der mittleren Kaiserzeit, Berlin-New York, 1988 ; Ellen Reeder Williams, cat. n°129, p. 199 ; David M. Robinson, “An Oenophorus belonging to the Johns Hopkins University”, American Journal of Archaeology, 13.1, 1909, p. 30-38 ; Elisabeth Rohde, “Beiträge zur OINOPHOREN-Gruppe”, Forschungen und Berichte, 1962, 5, p. 54-61.
Auteur : Louise Détrez
Matériau
Fr
terre cuite
Largeur
Fr
11
Hauteur
Fr
18
Unité de mesure
Fr
centimètre
Type
Fr
vase
Date de création
Fr
3e siècle
Période
Lieu de création
Fr
Cnide
Site de découverte
Fr
Crète
Lieu de conservation
Commentaire historique
Fr
Don Ernest Muret, 6 octobre 1866
Historique des propriétaires
Liens externes
IIIF Manifest
Source des images
Fr
© BNF-CNRS-MSH Mondes - photo Serge Oboukhoff
Identifiant
Fr
reg.F.1329
Fr
De Ridder.898
Références bibliographiques
Fr
André De Ridder, Catalogue des vases peints de la bibliothèque nationale, Paris, 1901-1902, p. 530, n°898.
Notes internes
Fr
Collection Muret