Aspects de la vie des Anciens
Une catégorie antiquaire
Le classement traditionnel de l’antiquité figurée, depuis Montfaucon, puis Millin, et encore Charles Lenormant ou Jean de Witte du temps de Muret, est de traiter les dieux et héros, puis des aspects de la vie des Anciens : le sous-titre de l’Elite des Monuments céramographique, qui parait entre 1844 et 1861, est ainsi : « matériaux pour l'histoire des religions et des mœurs de l'antiquité » (même si la partie consacrée aux mœurs n’a pas été publiée). En cette matière, Muret s'insère dans cette tradition : ses planches thématiques traitent avant tout de mythologie, comme on l'a vu dans l'article précédent, mais aussi de divers thèmes ayant trait à des aspects de la vie des anciens. Il est difficile de leur trouver une réelle cohérence d'ensemble, et leur énumération peut vite devenir une sorte d'inventaire à la Prévert.
On trouve ainsi chez Muret des planches variés autour de la guerre, la chasse, le banquet, le mariage, le théâtre, les gladiateurs, les jeux et l’athlétisme, la médecine, la musique et la danse, les rites religieux et funéraires, etc. Certaines ne mobilisent que l’iconographie, comme le mariage, mais la plupart mêlent en fait à la fois les images sur ces thèmes et les objets, instruments, outils divers qui s’y rapportent.
Des planches sont aussi consacrées au monde féminin, aux objets de toilette, avec un intérêt sur Sappho (un des seuls personnages « historique » abordé).
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La planche contient 1 objet représenté.
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La planche contient 7 objets représentés.
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La planche contient 6 objets représentés.
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Objet n°1 : Serpe de vigneron trouv
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La planche contient 1 objet représenté.
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pour voir la suite des planches consacrées à la guerre
Deux planches sur les meules
Quelques séries semble aussi s’intéresser à des thèmes moins attendus, comme la mer, la navigation et la pêche, la terre et l’agriculture. On peut prendre l'exemple de ces planches du premier volume (n°34-35). Elles ne portent aucun texte, mais on voit clairement que les six dessins se rapportent au même objet de la vie quotidienne des Romains telle qu'en témoignent les cités campaniennes : la meule dite pompéienne.
Sur la planche 34, au centre en haut de la composition est figuré une meule (mola) composée d'une partie fixée sur une base circulaire, la meta, en forme de dôme, recouverte d'une partie mobile, le catillus, en forme de sablier. Elle est maintenue et actionnée par l'introduction d'un axe en bois dans l'ouverture centrale. Le dessin de Muret est certainement une représentation d'une des meules trouvées à Pompéi, dans la boulangerie de N. Popidius Priscus, et il est probable qu'il la tire de la publication de François Mazois, Les ruines de Pompéi (1824-1838). Si la vue de l'architecte montre la meule dans son environnement, Muret isole l'instrument pour le dessiner, seul, sur sa planche. C'est ce motif seul qui l'intéresse.
C'est sans doute de la même planche qu'il tire l'image de la lampe située en haut à gauche de la planche, qui était selon Mazois dans la collection de Pierre-Adrien Paris, ancien architecte du roi. Elle montre comment la meule est actionnée par un âne. Muret dessine au-dessous une autre lampe au même motif, sans doute celle conservée au British Museum. C'est encore la même scène qui est croquée sur un graffito qui prend la place centrale : un âne qui avance, cette fois-ci devant la meule. Le système d'hanrachement semble différent de celui décrit sur les lampes. Ce graffito a été tracé à Rome, au pied du mont Palatin, et relevé dans l'ouvrage de R. Garrucci, Inscriptions gravées au trait sur les murs de Pompéi, Bruxelles, 1854. C'est sans doute dans ces pages que Muret a découvert et copié l'image.
Muret complète la planche avec un petit dessin d'un relief sculpté en partie droite. Il s'agit en fait d'un court extrait d'une frise figurée sur un monument de Rome bien connu aujourd'hui, le tombeau de Marcus Virgilius Eurysacès. Il n'a cependant été dégagé qu'en 1838, et les frises furent publiées dans les Monumenti inediti pubblicati dall'Instituto di corrispondenza archeologica (vol. II 1834, pl. LVIII). Muret a donc isolé la scène de mouture, qui fait cette fois intervenir un âne et un homme.
La planche suivante, complémentaire, ne porte qu'un seul dessin, l'extrait du décor sculpté d'un sarcophage fragmentaire des collections du Vatican. Sur le panneau avant, on y voit une scène de mouture avec la meule actionnée cette fois-ci par un cheval et non par un âne.
On voit donc comment, sans l'aide d'aucun texte, Muret offre un panorama visuel autour d'un type de meule romain, et de différentes représentations sur des supports variés, témoignant de divers modes d'action du vestige antique. Ces planches se situent finalement à mi-chemin entre les planches thématiques et les planches typoglogiques, que l'on va analyser dans l'article suivent.
Cas d'étude : le "cabinet secret"
Cécile Colonna
Pour citer cet article : Cécile Colonna, « Aspects de la vie des Anciens », dans Digital Muret, mis en ligne le 03/10/2022, https://digitalmuret.inha.fr/s/digital-muret/page/aspects-vie-anciens
Lire la suite : La mise en série des objets.