Portrait de la collection Muret

Notre connaissance de la collection Muret, à travers les sources variées et imprécises que nous avons passées en revue, est certainement imparfaite et lacunaire. Le fonds s’insère cependant aisément dans la typologie des collections archéologiques d’amateurs éclairés du XIXe siècle, peu fortunés, qui, avec le développement des fouilles en France et en Méditerranée, des voyages et du marché de l’art, peuvent former des ensembles conséquents à partir des années 1830.

Une antiquité classique

Cette antiquité est encore classique, en ce qu’elle est principalement formée d’œuvres grecques, romaines et étrusques, avec seulement quelques artefacts de la préhistoire, de la protohistoire, ou de la période médiévale (sans doute provenant de France et donc relevant des « antiquités nationales » dont l’importance s’accroit au fil des décennies, concrétisées sous le règne de Napoléon III par l’ouverture du musée gallo-romain peu après la mort du dessinateur en 1867). Un seul exemplaire, réputé provenant du Mexique, sort de ce cadre ; ce « masque grotesque » (Lausanne 3907) semble avoir été collectionné pour être comparé aux nombreuses têtes grotesques grecques et romaines de la collection (ou du Recueil).

La prééminence des figurines de terre cuite

L’ensemble le plus important est celui des figurines en terre cuite (plus de la moitié des œuvres). Elles sont le plus souvent entières, parfois restaurées, et on trouve quelques fragments, surtout des têtes féminines ou grotesques. Elles sont alors présentées sur des piédouches noirs en bois, ce qui semble commun à l’époque ; c’est la présentation que l’on trouve au Cabinet des médailles ou au musée du Louvre. Elles datent de l’époque archaïque grecque à l’époque romaine. On notera des ex-voto archaïques et classiques, notamment des femmes avec offrande, des masques et un ensemble conséquent d’animaux de toutes espèces, parfois portant un personnage. Quelques tanagréennes sont notables, et des figurines liées à la musique et la danse où à la petite enfance ; à part Éros, dont les représentations forment un ensemble conséquent, on ne trouve que de rares figurines de divinités (Artémis à Lausanne, Hélios au Cabinet des médailles …). Les provenances sont, comme on l’a déjà vu, surtout la Cyrénaïque, Tarse et l’Italie à partir de l’époque hellénistique (voir l'article précédent). Il existe aussi une petite série de figurines de Chypre. On peut encore citer deux oscilla d’Italie du Sud, à visage féminin, ressemblant aux exemplaires du Cabinet des médailles, et une urne à façade en relief avec une ménade.

On trouve, dans le même matériau, un lot intéressant de décors architecturaux : reliefs (plusieurs plaques Campana fragmentaires), gouttière, antéfixes, étrusques ou romains, et également de nombreuses lampes romaines au décor en relief.

Les statuettes en bronze sont relativement rares, surtout si on compare leur place dans le Recueil ; elles restaient plus onéreuses que les figurines de terre cuite. Plusieurs semblent provenir d’Italie. On trouve encore deux fragments de sculpture en ivoire (dont un petit relief étrusque intéressant), une tête en plâtre et une statuette en bois polychrome. Un miroir étrusque en bronze est isolé, et porte un décor vraisemblablement faux.

On trouve aussi quelques fragments de sculpture en marbre, parmi lesquels un torse, une tête de pilier hermaïque ; une sirène de 44 cm de hauteur, inscrite à l'inventaire, n’a pas été retrouvée dans les collections du musée de Lausanne. Quelques stèles d’époque romaine de petite taille sont encore à signaler. Il est clair que Muret, si tant est qu’il en ait eu l’envie, n’avait pas les moyens d’acquérir de la grande statuaire en marbre dont les prix restaint à l’époque très élevés.

Les vases sont pour la plupart de petite taille et sans décor ; quelques exemplaires figurés sortent du lot, notamment le support géométrique, les deux vases attiques à figures rouges, l’épichysis apulien et l’olpé paestane. On trouve également quelques vases à parfum corinthiens, un lécythe campanien, une coupe et un plat en bucchero, une oenochoé étrusque à figures rouges, une coupe chypriote. Les vases plastiques forment un ensemble conséquent, avec notamment le lièvre et le singe rhodiens ; on trouve aussi des exemplaires romains. Enfin, les vases à décor en relief, parfois sous forme de fragments, sont intéressants, notamment le fragment à reliefs archaïque, l’amphore avec Dionysos, et les quatre anses de réchaud à tête de satyre hellénistiques.

A côté de tous petits fragments de mosaïques et de peintures, un morceau de fresque mérite d’être mentionné. Un camée en verre, rare exemple de glyptique, présente une iconographie inhabituelle ; là aussi, il s’agit d’un objet qui restait bon marché en raison de son matériau, par rapport aux camées en pierre dure.

  • camée

    Camée ovale en pâte de verre à 3 couches, aujourd'hui très altéré et irisé,...

Les antiquités nationales sont presque toutes au musée d’archéologie nationale, de la préhistoire à l’époque médiévale, à l’exception de quelques figurines de terre cuite (une Vénus et une colombe, 3799), une lampe trouvée au Mans, et trois manches de couteau en bronze ou ivoire trouvés à Mantes, Autun et en Bourgogne, tous vendus à Lausanne. On trouve trois haches préhistoriques, de matériaux divers, puis beaucoup de petits instruments, armes (en bronze ou en fer) ou éléments de parure de la protohistoire à la période médiévale.

Dans cette diversité de typologie d’objet et de chronologie, on remarque beaucoup de figurations d’animaux, un important lot autour d’Éros (figurines ou vases), des grotesques, et un intérêt pour les guerriers et les armes ; l’intérêt pour tous ces thèmes se retrouve d’ailleurs dans le Recueil (voir l'article).

Comparaisons avec des collections contemporaines

On trouve beaucoup de correspondances entre les œuvres collectionnées par Muret et des œuvres du Cabinet des médailles, dont il était notamment chargé de faire l’inventaire, que ce soit des œuvres de l’ancien fonds ou bien des acquisitions contemporaines. Ainsi, une extrémité de gouttière en forme de tête de chien (Lausanne 3809) évoque celle de la collection Caylus. Deux lampes sont si similaires qu’on peut poser l’hypothèse d’une origine commune, peut-être d’une acquisition en parallèle par le Cabinet et par Muret : celle avec une femme sur un bouc, dessinée en I pl. 117, et celle de la collection du Cabinet, publiée dans le catalogue de M. Chr. Hellmann, Lampes antiques de la Bibliothèque nationale, vol.II, fonds général : lampes pré-romaines et romaines, Paris, n°57 p. 19 (sans numéro). Seule différence entre les deux exemplaires : la présence d'Éros sous les pattes du bouc sur la lampe du Cabinet, et le bec rond de l'exmplaire de Muret quand l'autre est triangulaire.

Dans les acquisitions contemporaines de Muret, une figurine d’Éros adolescent (Lausanne 4030) est très proche d’une autre acquise par le Cabinet à la vente Durand de 1836 ; notons toutefois qu’il est en moins bon état, avec les membres refaits. Le Cabinet des médailles a acquis de nombreuses autres œuvres à la même vente, dont une figurine de sphinx  ; une similaire a été vendue à Beugnot, est passée dans la vente de sa collection en 1840, achetée par Antoine Vivenel, puis entrée dans la collection du dessinateur. Toutes deux ont été dessinées par lui sur la même planche à côté d'une petite figurine lui appartenant. Ces planches permettaient donc aussi à Muret de comparer les pièces de sa collection à celles des musées qu’il fréquentait.

La collection Muret présente aussi, de manière aussi logique, de nombreuses affinités avec la collection de son ami Auguste Oppermann, et on a déjà noté un certain nombre d’objets passés de la collection de l’un à l’autre (voir l'article) – même si ce dernier avait plus de moyens, et collectionné bien plus de statuettes de bronze et de vases figurés. Muret avait ainsi donné ou vendu une figurine de femme diadumène à Oppermann (oppermann.tc.146), qu’il dessine et légende « Praefica », c’est-à-dire une pleureuse professionnelle, qui accompagnait les morts. La planche suivante représente une figurine au geste similaire et à la même légende : elle provient de Cyrénaïque et elle est restée, elle, dans sa collection. Dans les terres cuites, on trouve des ensembles provenant de Tarse très proches, acquis auprès de Victor Langlois (collection oppermann.tc.47, 49, 56, 57, 160, 168, 236). On voit aussi la même appétence pour la mythologie, mais là encore les objets Oppermann sont plus variés, comme on peut le voir dans les nombreux exemples dessinés dans le Recueil.

On peut encore comparer la collection Muret avec celle de son collègue employé au Cabinet des médailles, Théodore-Edme Mionnet, vendue aux enchère en 1842. Dans le catalogue, on ne trouve que quelques antiques : quelques statuettes égyptiennes ou étrusques, deux figurines en terre cuite, trois lampes, plusieurs vases, des épingles et une lampe en bronze dits provenant de Pompéi, des petits objets en bronze (agrafes, tintinnabulum, clefs), et une bague en argent. La plupart de la collection était formée de copies d’antiques en bronze, terre cuite, plâtre ou souffre, divers objets modernes, des monnaies et médailles et des estampes et dessins. Les quelques témoins de l’antiquité sont de typologies assez semblables à ce que l’on trouvait chez Muret.

Mentionnons aussi la collection de Léon-Jean-Joseph Dubois, dessinateur devenu conservateur au département des antiquités égyptiennes du Louvre, vendue de manière posthume en 1847, qui était de taille réduite, avec des œuvres relevant plus des beaux-arts que de l’archéologie : vingt-cinq vases grecs à figures noires et figures rouges, quelques rares figurines et statuettes, un verre, une toile égyptienne, cinquante camées et intailles, la plupart montés en bague, divers objets d’époques variées, et des dessins et estampes (101 numéros au total). Le profil est on le voit différent, et Dubois fréquentait pour sa part de manière assidue les ventes aux enchères où il achetait ses oeuvres.

On peut enfin évoquer la collection de Jean-Auguste-Dominique Ingres, que l’on connait bien. M. Shedd soulignait dès 1992 le caractère très archéologique de ce fonds, qui témoigne de la connaissance par l’artiste de la littérature scientifique de son temps, et de son intérêt pour des pièces de petites dimensions qui sortaient de la grande sculpture en marbre généralement prisée des artistes pour leur inspiration. S’ils ont eu des vies et des carrières bien sûr très différentes, Ingres est le contemporain de Muret, né en 1780 et mort la même année en 1866 ; leur activité de collectionneur est donc contemporaine, même si Ingres a constitué en partie sa collection en Italie quand il était à l'Académie de France à Rome. Il lègua au musée de Montauban ses nombreux plâtres, et sa "collection de vases grecs, coupes, figurines, terres cuites, fragments antiques de marbre et de bronze (...)" (Picard-Cajan 2006, p. 24). Cela correspond à une cinquantaine de figurines et reliefs en terre cuite. On trouve en effet plusieurs urnes décorées en relief, dont une avec Scylla a été dessinée par Muret. Ce dernier a collectionné une urne avec une ménade sur une panthère proche d’un exemplaire de la collection Ingres (Shedd 1992, fig. 15, Picard-Cajan 2006, n°107). On trouve chez les deux hommes une plaque Campana à décor bacchique (une dessinée par Muret, et l'autre dans Shedd 1992, fig. 16). Et tous deux se sont intéressé à un manche de patère sculpté tarentin de la collection Denon, dessiné par Muret, et dont Ingres possédait une copie en plâtre (Shedd 1992, fig. 37, Picard-Cajan 2006, n°164). Muret a dessiné a priori un seul vase de la collection Ingres, une coupe à figures rouges.

 

Muret collectionneur a pu enfin être influencé par les importantes collections de deux de ses « maîtres », Vivant Denon (vente en 1827, 582 monuments d’antiquités et de monnaies antiques, avec beaucoup d’antiquités égyptiennes mais aussi un lot important de petite statuaire et de reliefs en terre cuite) et Désiré Raoul-Rochette (vente 1855, 343 numéros antiques). On se rappellera qu’on trouve chez Muret une statuette ayant appartenu à Denon et six objets à Raoul-Rochette (voir plus haut).

Une collection d’archéologue plus que d’artiste

La collection de Jean-Baptiste Muret n’est, dans tous les écrits que nous avons consultés, que rarement évoquée par ses collègues de la Bibiothèque nationale ou par les spécialistes parisiens. On recense ainsi une mention par Jean de Witte dans la Revue numismatique en 1858, dans un article sur Apollon Sminthien (p. 1-51) :

On connait aussi des rats en terre cuite de diverses grandeurs [note 2 : Il y en a deux dans la charmante collection de terres cuites de M. Muret]. (p. 36)

ou par J. Sabatier dans la même revue, l’année suivante (« Du prix et de la rareté des monnaies antiques », p. 273-307, pl. IX-XII>),

la précieuse collection de terres cuites de M. Muret père, employé au Cabinet impérial des médailles, dont l’obligeance et la modestie égalent le savoir. (p. 288-289)

Ce ne sont que de brève et rares mentions de l'existence d'une collection de terres cuites, "charmante" ou "précieuse".

 

Ce sont, paradoxalement, les archéologues allemands qui en parlent le plus longuement. Le premier est Eduard Gerhard dans l'Archäologische Zeitung en 1857, dans un article qui décrit plusieurs collections parisiennes (“Paris und Süddeutschland”, p. 41*-45*) :

M. Muret qui, en tant que dessinateur expérimenté, travaille depuis plusieurs années au cabinet des monnaies de la bibliothèque impériale, possède une collection choisie d'antiquités, principalement des figurines en argile, mais s'efforce aussi, avec un vif zèle pour l'art et l'antiquité, de conserver sous forme de dessins de nombreux autres monuments, en grande partie dispersés dans des propriétés privées et dans le commerce de l'art. (p. 43, traduction de l’auteur).

Deux ans plus tard, dans la même revue, Friedrich Wieseler décrit à son tour longuement des collections d’antiquités parisiennes (« Pariser Privatsammlungen », p. 115*-122*) : à côté de l’évocation des collections Luynes, Pourtalès, Blacas, Fould, Janzé, du baron Roger, les monnaies de Waddington, et des œuvres des marchands Rollin, Delange et Signol, il consacre un long paragraphe à la collection Muret :

Après avoir passé en revue ces collections privées les plus importantes, j'insisterai d'abord sur quelques pièces de la 'collection fouillée des antiquailles, principalement des figures d'argile' de M. Muret, un homme dont je vous rappelle l'éloge mérité, p. 43°. Parmi les figures en argile, plusieurs sont des terres de pipe, originaires de Gaule. Quelques-unes portent des inscriptions. Ainsi, la figure d'une femme nue porte l'inscription : 'Pestika', celle d'un singe encapuchonné l'inscription : 'Lubricus'. Parmi les autres terres cuites, dont quelques-unes sont vernissées (ce qui, comme on le sait, a rarement été le cas), nous mentionnons par exemple le masque d'une femme qui a un anneau dans le nez (une esclave). Plusieurs vases représentent aussi des personnages. Ainsi, une Aphrodite et une colombe de l'ancien style constituent un vase [peut-être ce vase plastique, sans légende]. Un autre, provenant de Cyrénaïque, a la forme d'une femme accroupie de style ancien ; un troisième, celle d'une vieille femme qui tient entre ses pieds un récipient à boire [Lausanne 4022]. Parmi les autres vases, j'ai remarqué celui de la collection Durand, en terre cuite brune, sur lequel est représenté en relief Dionysos et, au dos, un jeune garçon ailé tenant une torche et jouant de la syrinx [De Ridder.898, non dessiné ; il ne provient pas de Durand]. Parmi les vases en terre cuite peints, qui ne sont ni nombreux ni excellents, j'en cite deux pour leur représentation : un Prochus avec Persée à cheval, derrière un hibou et un cygne, et un Prochus de Cyrénaïque avec un satyre hermaphrodite (en face une bacchante) [sans doute Lausanne 4317 – provenance fiable ?]. M. Muret possède aussi quelques-uns de ces petits morceaux d'argile percés qui 'passent pour des appendices du bétail, des poids sur le bord des vêtements, ou bien des poids de métier à tisser, mais qui, trouvés à l'intérieur de grands tonneaux, pourraient plutôt être liés au remplissage du vin ou à un autre trafic de marchandises', comme le dit Birch dans Arch. Anz. 1857, p. 75*, dont je ne me suis pas souvenu lorsque j'ai mentionné récemment quelques monuments lui appartenant dans le rapport sur les collections de notre institut archéologique et numismatique (n. 30), et dont l'opinion est en tout cas digne d'attention, mais trop exclusive malgré la marge qu'elle laisse. D'après Stephani (Parerg. arch. XXII, p. 25), des briques de la forme d'une sphère largement emboutie, percée d'un trou pour y faire passer une corde, étaient attachées par les pêcheurs à leurs filets pour les faire couler jusqu'au fond de la mer. Parmi les pièces de M. Muret, deux sont rondes et portent la marque d'un dauphin ou d'un A, tandis que la troisième a la forme d'un cône pointu et est sans marque*). En outre, j'ai vu chez M. Muret deux fragments de marbre remarquables : une sirène, les mains sur la poitrine, et une tête de Méduse, tenue par le bras de Persée. Dans cette œuvre, qui fait partie d'une statue, les cheveux de Méduse sont en fait des serpents [confusion avec les fragments de figurines en terre cuite dessinés sur cette planche ?]. Enfin, vous serez particulièrement intéressé d'apprendre que M. Muret possède, comme il me l'a dit, un miroir de fer représentant Thésée et le Minotaure, avec une inscription d'artiste grecque, que M. de Witte se propose d'éditer dans votre revue. (p. 120*-121*, traduction de l’auteur)

On le voit, la description est longue, cite de nombreuses typologies et des exemplaires précis, que l'on a pas toujours été capables d'identifier dans les collections actuelles. Elle rend compte de la variété du fonds, et de son insertion dans les actualités archéologiques de son temps, avec de nombreux renvois bibliographiques.

Enfin, E. Gerhard parle à nouveau brièvement de la collection Muret dans Archäologische Zeitung en février 1866 :

Parmi les collections privées, la seule qui nous ait donné l'occasion d'être mentionnée à plusieurs reprises est celle du commandant Oppermann à Paris, qui possède des bronzes et des vases d'une grande valeur. Nous trouvons quelques antiquités de valeur chez MM. Muret et Piot ; quelques belles antiquités peuvent également être trouvées chez M. Thiers et d'autres amateurs d'art parisiens, alors que la riche Angleterre, autrefois si friande de trésors d'art antiques, ne nous présente plus depuis longtemps de collectionneurs renommés, à l'exception peut-être de quelques amateurs de monnaies. (p. 180, traduction de l'auteur)

Si Gerhard ne décrit pas ici les objets de la collection, il la place certes après celle d'Auguste Oppermann, mais à côté de celle de Piot, parmi les rares collection privées d'intérêt à Paris (et en Angleterre).

Enfin, des œuvres de Muret sont aussi évoquées ponctuellement par A. Conze en 1870 (ce fragment de vase à reliefs dans les Annali, p. 279, vu dans une visite en 1862), par Helbig dans le Bulletino  en 1865 (la péliké de Lausanne, p. 126).

Cette récurrence sous la plume des archéologues allemands, qui contraste avec le silence des savants français, est sans doute le reflet de la vitalité des réseaux européens des archéologues et collectionneurs, où les objets comme les dessins ou les textes s’échangent à grande échelle, dans une même passion, dans la recherche de l’inédit, de l’explication, de la pièce manquante. Hors de Paris, Muret semblait d’avantage considéré comme un confrère par les savants, plus qu’un simple dessinateur.

  • fresque

    Ce fragment a fait l’objet d’une étude par Michel Fuchs, qui décrit cette f...

La collection semble donc avoir été bien connu du cercle des archéologues et amateurs d’antiquité. Elle était peut-être de la part de Muret un moyen pour accéder à un statut et une reconnaissance que les dessins ne lui donnaient pas, de sortir de l’impasse de son statut d’employé-dessinateur (voir l'article). Elle est aussi, à son échelle, un témoin de de la démocratisation de la collection archéologique au XIXe siècle (voir l'article).

 

Cécile Colonna

Pour citer cet article : Cécile Colonna, « Portrait de la collection Muret », dans Digital Muret, mis en ligne le 03/10/2022, https://digitalmuret.inha.fr/s/collection-muret/page/portrait-collection-Muret

 

Bibliographie

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